En 2004, les salariés québécois devenaient les premiers en Amérique du Nord à bénéficier de la Loi sur les normes du travail qui protègent les salariés contre le harcèlement psychologique au travail. Aussi, depuis l’entrée en vigueur de la loi, c’est 40% des plaintes pour harcèlement psychologique qui étaient rejetées, soit un rejet d’environ 1000 plaintes/an. Heureusement qu’il y a eu le mouvement #moiaussi pour changer la donne. Outre le fait que l’on prend de plus en plus sérieusement les plaintes, il y a une augmentation notable des enquêtes de harcèlement pour tous les types d’emplois confondus. Mais en 2020, quel est le portrait réel de la situation?
Des enquêtes aux résultats mitigés
On comprend qu’aujourd’hui les « blagues de mononcle » n’ont plus leurs places dans les milieux de travail. De plus, les avances non désirées et répétitives ou les déclarations d’amour dans les partys de Noël ne sont plus tolérées et sont de plus en plus dénoncées. Cependant, une fois les comportements dénoncés, on ne sait jamais si l’enquête sera menée à bien. Dans les grandes organisations, disons que le problème est moindre, car ce sont souvent des spécialistes en gestion des ressources humaines aguerris qui, en raison de leurs fonctions attitrées, exercent déjà un rôle-conseil important.
Toutefois, dans les organisations plus petites, il n’est pas rare que des victimes ne fassent pas confiance à l’enquêteur qui a été nommé dans leur organisation. D’autres spécialistes en ressources humaines mentionnent fréquemment qu’après coup, il arrive souvent que les analyses ou les conclusions soient faussées par un manque d’expérience, de connaissances ou d’interprétation de la loi.
Pourquoi être rigoureux?
S’il y a une explosion des plaintes depuis le phénomène #moiaussi, c’est qu’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir. Le but n’est pas d’aseptiser les milieux de travail, mais de rétablir des normes de respect qui ont été trop longtemps ignorées par les employeurs, employés et gestionnaires. Pour preuve, Statistiques Canada 2019 mentionne que c’est 19 % des femmes et 13 % des hommes qui déclarent avoir été victimes de harcèlement au cours de l’année précédente, soit pratiquement 1 personne sur 5.
Pourtant, un environnement de travail sans harcèlement est beaucoup plus performant. Il est facile de comprendre que lorsqu’une personne subit du harcèlement ou de la violence, le climat de travail en est directement affecté. En outre, les performances individuelles et d’équipe sont grandement touchées.
Votre réputation est en jeu
Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, il est grand temps pour les organisations d’attribuer une valeur monétaire à un problème qui perdure depuis trop longtemps. Le harcèlement non traité peut non seulement nuire à la réputation de l’entreprise, mais aussi désavantager son développement et sa productivité. Bref, investir dans le développement de votre département RH pour éviter les situations négatives est probablement la meilleure décision que vous pouvez prendre dans les 5 prochaines années.