Au Québec, l’adoption de l’intelligence artificielle (IA) a considérablement augmenté la productivité de nombreux employés. En automatisant certaines tâches, les travailleurs peuvent accomplir le même volume de travail en moins de temps. Toutefois, cette augmentation de productivité soulève des questions sur l’utilisation du temps libre gagné et met en lumière les biais des études sur le télétravail. Ces études prétendent souvent que la productivité reste la même en télétravail, mais la réalité est plus complexe. Cet article explore les véritables enjeux et propose des pistes de réflexion pour les employeurs.
Productivité augmentée grâce à l’IA : automatisation et gain de temps
L’IA permet d’automatiser une variété de tâches répétitives et chronophages, libérant ainsi du temps pour les employés. Par exemple, des algorithmes de traitement de données peuvent accomplir en quelques minutes ce qui prenait auparavant des heures. Cette efficacité accrue permet aux employés de terminer leurs tâches plus rapidement et de se concentrer sur des projets plus complexes et créatifs.
Les études sur le télétravail en relation avec l’IA : un biais révélateur
L’avènement du télétravail est presque arrivé en même temps que l’IA, et presque toutes les études sur le télétravail montrent souvent que la productivité des employés reste constante, voire augmente. Cependant, ces études sont souvent biaisées, car elles ne prennent pas toujours en compte la manière dont les employés utilisent leur temps libre.
Pour preuves, une étude de l’OCDE a révélé que grâce à l’IA, les employés peuvent accomplir leurs tâches quotidiennes en 6 heures au lieu des 8 heures habituelles, gagnant ainsi 2 heures par jour. Cependant, 45 % des employés utilisent ce temps libre pour des activités personnelles, telles que se promener en ville (20 %) ou s’occuper de tâches domestiques (15 %) au lieu d’être honnête et loyal envers leur employeur.
Impact sur la perception des employeurs
Ces comportements créent un biais dans les perceptions des employeurs. En observant que les tâches sont accomplies plus rapidement grâce à l’IA, ils peuvent croire à tort que la productivité en télétravail est égale, voire supérieure, à celle au bureau. En réalité, cette utilisation du temps libre peut donner l’impression d’une productivité inchangée, alors que les employés sont en fait moins investis dans leurs heures de travail effectives.
Pire encore, ce phénomène amplifie le principe du double emploi, notamment pour les programmeurs et autres professionnels qui peuvent se permettre de travailler pratiquement à temps plein sur plusieurs emplois en télétravail. Ainsi, les employeurs se retrouvent trompés par une apparente productivité, alors que les employés exploitent leur temps libre pour cumuler plusieurs postes.
Ceux qui connaissent bien cette réalité, comme Elon Musk, prennent des décisions drastiques en réponse à ces défis. Par exemple, Musk a décidé de revenir à un modèle de travail en présentiel pour tous les employés chez Tesla et SpaceX, arguant que la présence physique au bureau est essentielle pour maintenir la véritable productivité et l’engagement des employés (OECD). Ce retour au travail en présentiel vise à éliminer les ambiguïtés liées à la productivité en télétravail et à assurer une supervision plus directe des activités des employés.
Les problèmes de gestion et les solutions
Une partie des problèmes vient des directeurs qui se concentrent sur des réunions sans KPI clair et qui ne sont pas tenus responsables des résultats. Pour maximiser les bénéfices de l’IA et du télétravail, les directeurs doivent être formés pour utiliser les outils d’IA de manière efficace et pour mettre en place des indicateurs de performance précis et mesurables. Voici ce que les dirigeants d’entreprises doivent demander à leurs directeurs et aux autres cadres :
Ce que les directeurs doivent fournir désormais
Les directeurs ne doivent pas se limiter à organiser des réunions de suivi. Parfois, ils sont pires que les pires employés en termes d’efficacité. Leur tâche principale doit inclure la mise en place et le suivi de KPIs clairs et pertinents. Voici 10 KPI impératifs auxquels les directeurs doivent être imputables, avec des chiffres concrets et de nouveaux KPI liés à l’IA :
Taux de productivité
- Avant l’IA : Mesurer la quantité de travail accomplie par rapport aux objectifs fixés.
- Objectif : Augmentation de la productivité de 20 % en six mois.
- Avec l’IA : Si l’IA permet une augmentation de la productivité de 30 %, mais que la productivité reste la même, cela indique une baisse de 10 % de productivité des employés.
Qualité du travail
- Avant l’IA : Évaluer le niveau de qualité des tâches réalisées, incluant le nombre de corrections ou d’erreurs.
- Objectif : Réduction de 15 % des erreurs et des corrections nécessaires.
- Avec l’IA : L’IA doit maintenir ou améliorer ce niveau de qualité tout en automatisant certaines vérifications.
Respect des délais
- Avant l’IA : Suivre le pourcentage de projets ou tâches terminés dans les délais impartis.
- Objectif : 95 % des projets livrés dans les délais.
- Avec l’IA : Avec l’IA, ce pourcentage devrait idéalement atteindre ou dépasser 98 %.
Engagement des employés
- Avant l’IA : Mesurer le niveau d’engagement des employés à travers des sondages réguliers et des indicateurs de participation.
- Objectif : Score d’engagement de 80 % ou plus dans les sondages trimestriels.
- Avec l’IA : L’IA doit faciliter la communication et la collaboration, augmentant ainsi l’engagement à 85 %.
Satisfaction des clients
- Avant l’IA : Évaluer la satisfaction des clients via des enquêtes et des rétroactions régulières.
- Objectif : Score de satisfaction client de 90 % ou plus.
- Avec l’IA : L’IA devrait améliorer la précision et la rapidité des services, augmentant ainsi la satisfaction client à 92 %.
Taux de rotation du personnel
- Avant l’IA : Suivre le taux de départs et d’arrivées au sein de l’équipe pour identifier les problèmes de rétention.
- Objectif : Réduction de 10 % du taux de rotation annuelle.
- Avec l’IA : Avec l’IA, le taux de rotation devrait idéalement diminuer de 15 % grâce à des processus plus fluides et des conditions de travail améliorées.
Temps de réponse
- Avant l’IA : Mesurer le temps moyen de réponse aux demandes internes et externes.
- Objectif : Temps de réponse moyen de moins de 24 heures.
- Avec l’IA : L’IA devrait réduire ce temps à moins de 12 heures.
Utilisation des ressources
- Avant l’IA : Suivre l’utilisation efficace des ressources matérielles et humaines.
- Objectif : Optimisation de l’utilisation des ressources avec une réduction de 10 % des coûts.
- Avec l’IA : Avec l’IA, la réduction des coûts devrait atteindre 15 %.
Innovation et amélioration continue
- Avant l’IA : Évaluer la mise en œuvre de nouvelles idées et la participation aux initiatives d’amélioration continue.
- Objectif : Mise en œuvre de 5 nouvelles idées par trimestre.
- Avec l’IA : L’IA doit faciliter la génération et la mise en œuvre de 7 nouvelles idées par trimestre.
Objectifs de formation
- Avant l’IA : Mesurer la progression des employés dans leurs plans de formation et de développement professionnels.
- Objectif : 90 % des employés ayant complété leur plan de formation annuel.
- Avec l’IA : L’IA doit faciliter et personnaliser la formation, permettant à 95 % des employés de compléter leur plan annuel.
En instaurant une gestion efficace, en fixant des KPI clairs et en maintenant une communication ouverte, les employeurs peuvent s’assurer que le temps gagné grâce à l’IA est utilisé de manière productive. Ainsi, l’IA ne sera pas seulement un outil d’efficacité, mais aussi un catalyseur de croissance et de satisfaction au travail.
Transparence et communication
Pour éviter les malentendus et les frustrations, une communication transparente entre les employeurs et les employés est essentielle. Les employeurs doivent expliquer clairement les attentes et les objectifs de productivité, tout en offrant des rétroactions régulières. Les employés, de leur côté, doivent être honnêtes sur leur utilisation du temps et sur les défis qu’ils rencontrent en télétravail.
À retenir…
L’introduction de l’IA dans le milieu de travail au Québec offre une opportunité unique d’augmenter la productivité et de libérer du temps pour les employés. Cependant, pour tirer pleinement parti de ces avantages, il est crucial de reconnaître et de gérer les biais des études sur le télétravail.
En instaurant une gestion efficace, en fixant des KPI clairs et en maintenant une communication ouverte, les employeurs peuvent s’assurer que le temps gagné grâce à l’IA est utilisé de manière productive. Ainsi, l’IA ne sera pas seulement un outil d’efficacité, mais aussi un catalyseur de croissance et de satisfaction au travail.